Gabon Avril-août 2000

Confère le Portfolio et ses quelques dessins qui ont été réalisés d’après photo en septembre- octobre 2014 afin de me préparer à la technique (croquis au feutre et à l’aquarelle) et réaliser un carnet de croquis sur le vif lors de mon voyage au Burkina Faso prévu en décembre 2014.

Expatriés au Gabon.

Lors de l’année 2000, pendant quelques mois, j’ai suivi Didier au fin fond de la forêt équatoriale du Gabon entre Franceville et Moanda, sur un chantier ROUGIER GABON. La vie était rythmée en semaine par le travail de Didier, j’étais alors cantonnée dans ma case située dans la clairière dédiée aux « chefs » de chantier, j’ai donc lu beaucoup, avancé un peu sur le projet de thèse qui m’occupait alors sérieusement, regardé avec avidité les chaines francophones sur notre TV satellite, et je me suis essayée aussi au jardinage !

Ayant apporté avec moi mes sachets de graines, j’avais tenté de reproduire le jardin que nous avions à Etrochey, sur les rives de la Seine, en Côte d’Or… mais, disons-le ! ce fût un échec retentissant ! Je ne me suis pas illustrée de ce point de vue, les platebandes n’ont laissé place qu’à de longues tiges pâles, les radis ne sont pas formés et le reste est resté en terre !

Heureusement les plantations locales nous ont permis de goûter les saveurs car au pied de la maison se tenaient des bananiers aux régimes murs à points ! C’était assez drôle de voir revenir Didier avec ce régime fraichement coupé à la machette, pesant sur le dos : j’ai cuisiné fièrement en testant le sucré, le salé, mélangé avec le riz comme les bananes plantains. Il est revenu quelque fois aussi avec un genre de gazelle que les membres de son équipe avaient chassé, je l’ai cuisiné comme un bourguignon, nous nous serions crus un nouvel an, il ne manquait que la confiture d’airelle et les champignons ! Les ananas n’ont pas mûris à temps pour que nous les cueillions avant notre retour, toutefois mangues et papayes si !

Le weekend, j’avais le « droit » de sortir du périmètre réservé et nous prenions la Toyota 4×4 pour quelques incursions au marché de Franceville, ou Moanda, ou encore en forêt pour tenter de voir des éléphants des forêts, des gorilles, des singes, des gazelles, etc. Si nous avons pu mettre nos pas dans les pas des éléphants nous n’avons vu que leurs bouses et les arbres abattus qu’ils laissent en traversant la forêt ! Nous avons pourtant marché des heures durant, du matin jusqu’au soir, revenant bredouille à la lueur de la lampe frontale. Longeant la rivière, soleil couchant, les pieds trempés et couverts de bou(s)e, nous ne les avions pas vus mais nous étions heureux d’avoir partagé leur habitat et de les avoir sentis si proches.

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Nous souhaitions voir aussi des grands singes, des gorilles, car au fond la raison profonde de cette expatriation n’était pas le désir de participer à l’exploitation de la forêt équatoriale, mais bien la possibilité de rencontrer ces animaux en voie d’extinction, de voir in situ la faune et la flore que les forêts équatoriennes abritent. Or, le seul gorille que nous ayons croisé était en train de boucaner ! Cela nous a paru tellement triste, ce bel animal, tué par un gendarme chaussé de bottes en plastique et muni d’un fusil à bouchon (pour que l’humidité ne pénètre pas dans le fusil). La tête, les mains, si proches de l’humain et cette viande qui cuisait lentement léchée par le feu et la fumée. Cet énorme animal a été tué pour quelque kilos de viande, car cet homme ne pouvait pas à lui seul ramener 200 kg. Quel gâchis, quelle tristesse … alors que nous avions vu quelques jours avant le film Koko, le gorille qui parle de Barbet Shroeder, laissant apparaître chez cet animal qui avait pu apprendre la langue des signes, une intelligence, une propension à exprimer des sentiments, ses émotions… Et nous étions là à contempler cette scène … dont finalement nous étions un peu complice, car l’exploitation forestière par les routes qui pénètrent dans la forêt facilite la venue des braconniers et des chasseurs.

Nous avons aperçu en forêt, la queue d’une panthère noire, c’était furtif mais quand même ! Didier a pu voir un gavial, des bauges où les éléphants ont aiguisé leurs défenses. Pour avoir plus de probabilités de voir les animaux nous sommes allés au Parc de la Lékédi à Bakoumba, au sud de Moanda, et avons campé perchés dans un pylône pour se réveiller au matin dans une trouée verte, au milieu des buffles, des troupeaux de mandrills aux culs arc-en-ciel ! Des singes, des oiseaux, des gazelles, des potamochères. Puis sur des ilets, des chimpanzés en voie de réadaptation à leur milieu naturel, nous regardaient avec attention, assis sagement dans une barque, nous étions plus leur spectacle qu’ils n’étaient le nôtre !

Nous avons expérimenté aussi la richesse en insectes et arachnides ! Des araignées de toute sorte, des iules géantes, des termitières géantes, les fourmis géantes ! des papillons de nuits, des oiseaux colibris, des fleurs luxuriantes, des plantes qu’on offre lors des mariages chez nous qui ressemblent ici à des arbustes géants ! Tout à une autre dimension là-bas.

Le seul regret finalement est de n’avoir pas pu faire la connaissance des habitants du pays, l’organisation du chantier (et pour ne pas mettre Didier en porte-à-faux) m’interdisait de me rendre sur le site d’à côté où résidaient les travailleurs et leurs familles, il y avait une école et un dispensaire. Quand Didier enfant rêvait des gorilles et des animaux d’Afrique, d’être explorateur ou aventurier, moi je rêvais de rencontrer ce peuple où l’oralité, les ancêtres et le mystérieux sont omniprésents. Je voulais partager ces histoires, le vécu. Nous n’avons que partiellement comblés nos attentes respectives, il nous faudra donc un jour retourner en Afrique ! Mais cela est une autre histoire …

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