Comment j’en suis arrivée là ? (1)

pause_13 001Arrivée où ? Pourriez-vous rétorquer  !
Mais là ! A ce point de tangente, entre deux situations, où l’on ne peut plus avancer sans traîner les pieds, ni reculer … il fallait juste trouver une autre route, une autre voie, ma voie.

Poussée par les circonstances de la vie, à m’interroger sur mon devenir, mes motivations profondes, mes ambitions, mes envies ; à mi chemin, à mi-parcours … j’ai puisé au fond de moi et j’ai d’abord voulu me tourner vers l’enseignement.
Enseigner, transmettre, chercher encore, mettre mes connaissances au goût du jour, m’intéresser à la pédagogie, aux programmes scolaires, aux ambitions du ministère, à l’institution « Education nationale »… J’étais gonflée d’enthousiasme et d’orgueil sans doute.

J’ai voulu enseigner l’Histoire, avec un grand « H ». Peut-être mes années de recherche en sciences politiques à l’université Paris-IX Dauphine, m’ont-elles convaincues que la pérennité d’une communauté nationale passait par la formation des citoyens à un jugement critique de leur environnement et de leur passé.  Je voulais apporter ma pierre à la reconstruction de cet édifice branlant qu’est devenu notre démocratie. Pensant que mes années d’études et mon expérience professionnelle étaient un plus pour les élèves comme pour une équipe pédagogique, j’ai fait ma demande de détachement au sein de l’éducation nationale, dans le corps des agrégés d’histoire…
Cela n’a pas abouti.  J’avais peut-être visé un peu haut ! Et si les ponts sont jetés pour la mobilité dans la fonction publique- les textes le permettent-, il n’est pas encore simple de franchir les barrières protectrices des professions et des corporations. Dépitée de ne pouvoir emprunter cette voie pour laquelle je me sentais destinée, l’été s’annonçait morose.

Un temps, mon horizon s’était éclairci, mais les nuages revenaient plus épais. Il me fallait, réfléchir encore et trouver une issue ! Je ne pouvais pas envisager de rester dans mon environnement de travail ; je ne me sentais plus en phase. Il fallait m’échapper à tous prix.

La folie est parfois une issue quand la réalité vous oppresse, vous angoisse ou bien n’est tout simplement plus supportable. Tentation inconsciente, j’avais glissé vers la maladie quand je n’avais pas de projet que la descente aux enfers, que l’ennui et le désaveu. Je ne croyais plus en rien, je ne croyais plus en moi, et personne n’y croyait non plus !
L’enseignement aurait été comme une renaissance, une façon de reprendre pied, de redonner du sens à ma vie ; de me rendre utile à la société et « d’élever » avec moi des cohortes d’enfants vers la conscience de leur individualité, de leur richesse, de leur avenir. Sortir de l’ornière les plus faibles, trouver par quel angle attraper ces esprits, capter l’attention, les ramener à s’intéresser ; c’était un beau défi. Mon fils en était horrifié : « tu ne te rends pas compte ! tu ne sais pas comment cela se passe au collège et au lycée. » Il fût tellement soulagé d’apprendre que je n’étais pas prise, que je me suis rendue compte après coup de la difficulté de ce métier et des conditions dans lesquelles les professeurs exercent.

Mais j’en étais toujours au même point, à ce point où le demi-tour n’est plus possible, mais aucune route n’apparaît…

Dessin de modèle vivant, pose de 15 mn, encre de chine, plume, E. E. COHL, 1ère année 2016-2017

 

5 réflexions sur “Comment j’en suis arrivée là ? (1)

  1. Tu as retouché le texte? Je le trouve encore plus émouvant! Et le dessin aussi??? Ou juste la sieste m’a posé sur un nuage encore plus haut? C’est bien, c’est vraiment bien, même le texte est ciselé… Qui sait un jour, une version papier de ce récit de voyage??? Bisettes à toua!

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  2. Enseigner, un dur métier c’est probable, mais tous le sont, d’une manière ou d’une autre!!! Je crois en la sculptrice, en la dessinatrice, en celle qui sait faire preuve de courage, en l’audacieuse, je crois en Anouck, une belle personne qui a des choses à dire.

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